Читать книгу Il y a beau temps онлайн


 SACHA

La flemme d’aller…


 NATHALIE

Tu me fais rire!

“La flemme d’aller…” Non, à vrai dire,

J’aime la beauté à la folie!


 MIMI

C’est tout… Tu es prête, ma chérie!


 ZIZIE

Comment chantait, tu te rappelles,

Un lieutenant ces beaux couplets,

Chez notre gouverneur?..


 PAULINE, elle chante à l’oreille de Mimi.

“J’irais

Pour vous au bout du monde, ma belle…”


 ZIZIE

Sacha, peut-être, tu sais, dis,

Ces beaux couplets?…


 MIMI, elle chante toujours à Pauline.

“Des fleurs aussi…”


 ZIZIE

Chante, si tu peux…


 NATHALIE

Je veux vous dire:

Germont que j’ai vue à Moscou,

C’est une Française…


 PAULINE, à Mimi.

”Je vais souffrir

Sans vous, – dit-il, – au bal beaucoup…”


 NADINE

Mais qu’as-tu vu chez cette actrice?

Non, elle a une très simple façon

Avec ceinture, volants qu’on plisse…

On dit…


 ZIZIE

Sacha, chante cette chanson!


 SACHA

J’ai oublié… Donc, c’est celle-ci?

(Elle esquisse un accompagnement.)


 ZIZIE

Oui, mademoiselle!..

(Elle impose le silence.)

Je vous en prie!


 SACHA, elle joue et chante avec émotion en imitant une interprétation entendue.

Ma chère demoiselle charmante,

Je dois te dire “adieu”,

Qu’une balle perdue m’attende

Pour m’envoyer aux cieux.

Je vais mourir, ma belle,

Sans chances au combat…

…Armide, tu te rappelles

Ma vie, ne l’oublie pas!


Mon cheval me porte en selle

Couverte de mon sang

Vers les érables. Une grêle

De balles tombe plus rarement.

Ma veste de hussard brille

Sous le soleil couchant,

Les derniers feux scintillent

Dans les yeux du mourant.


Et le soleil qui couche,

Tout rouge, me bénit.

Une feuille d’érable touche

Ma tombe et me bruit.

Pour ses fils et ses filles,

C’est le meilleur des sorts

Quand, pour la libre Patrie,

On bat jusqu’à la mort!


On applaudit. Sacha fait une révérence.


 ZIZIE

Parfait!..


 NADINE

Oui, très joli!..


 NATHALIE

Charmant!


 MIMI

Une vraie actrice! Tu pourrais l’être!


 PAULINE

Ta vie aurait été roman…


 SACHA

Ce n’est pas pour moi mais peut-être…

Si je pouvais, un jour, penser

Que je respire l’air de bataille!..

(Elle saute sur ses pieds et court vers la porte. Là, elle s’arrête.)