Читать книгу Bel-Ami / Милый друг онлайн

Le domestique répondit:

– C'est que monsieur est en train de travailler.

Duroy n'avait point songé que le mari pouvait être là. Il insista cependant:

– Dites-lui que c'est moi, pour une affaire pressante.

Après cinq minutes d'attente, on le fit entrer dans le cabinet où il avait passé une si bonne matinée.

À la place occupée par lui, Forestier maintenant était assis et écrivait, en robe de chambre, les pieds dans ses pantoufles, la tête couverte d'une petite toque anglaise; tandis que sa femme, enveloppée du même peignoir blanc, et accoudée à la cheminée, dictait, une cigarette à la bouche.

Duroy, s'arrêtant sur le seuil, murmura:

– Je vous demande bien pardon; je vous dérange?

Et son ami, ayant tourné la tête, une tête furieuse, grogna:

– Qu'est-ce que tu veux encore? Dépêche-toi, nous sommes pressés.

L'autre, interdit, balbutiait:

– Non, ce n'est rien, pardon.

Mais Forestier, se fâchant:

– Allons, sacrebleu! ne perds pas de temps; tu n'as pourtant pas forcé ma porte pour le plaisir de nous dire bonjour.

Alors Duroy, fort troublé, se décida:

– Non… voilà… c'est que… je n'arrive pas encore à faire mon article… et tu as été… vous avez été si… si… si gentils la dernière fois que… que j'espérais… que j'ai osé venir…

Forestier lui coupa la parole:

– Tu te fiches du monde, à la fin! Alors tu t'imagines que je vais faire ton métier, et que tu n'auras qu'à passer à la caisse au bout du mois. Non! Elle est bonne, celle-là!

La jeune femme continuait à fumer, sans dire un mot, souriant toujours d'un vague sourire qui semblait un masque aimable sur l'ironie de sa pensée.

Et Duroy, rougissant, bégayait:

– Excusez-moi… j'avais cru… j'avais pensé…

Puis brusquement, d'une voix claire:

– Je vous demande mille fois pardon, madame, en vous adressant encore mes remerciements les plus vifs pour la chronique si charmante que vous m'avez faite hier.

Puis il dit à Charles: «Je serai à trois heures au journal,» et il sortit.

Il retourna chez lui, à grands pas, en grommelant: «Eh bien, je m'en vais la faire celle-là, et tout seul, et ils verront…»